La Commune de Paris représente un épisode marquant, pourtant souvent négligé, de l’histoire française. Elle fut proclamée le 28 mars 1871 à la suite de la défaite française lors de la guerre franco-prussienne et du siège de Paris par les Prussiens. Cette période a vu émerger une volonté d’autogestion par les ouvriers et artisans parisiens qui s’est traduite par des réformes sociales innovantes telles que l’égalité salariale entre hommes et femmes, le droit au travail ou encore l’éducation gratuite pour tous. Cependant, après seulement deux mois d’existence, cette tentative d’autonomie a été violemment réprimée lors de la “Semaine sanglante” en mai 1871.
Malgré son importance historique indéniable, la Commune est souvent qualifiée de “révolution oubliée“. En effet, contrairement à d’autres évènements comme la Révolution Française ou Mai 68 qui ont profondément marqué les esprits et façonné notre société actuelle, elle ne bénéficie pas du même niveau de reconnaissance dans notre mémoire collective nationale. Ce relatif effacement peut s’expliquer par plusieurs facteurs : sa courte durée (seulement deux mois), son issue tragique avec environ trente mille morts lors des combats finaux ainsi que sa récupération politico-idéologique postérieure qui a conduit à une certaine forme d’ostracisme mémoriel.
Sommaire
Acteurs clés de La Commune de Paris
Plusieurs figures clés se distinguent lors de la Commune de Paris. Parmi eux, on peut citer Louis Auguste Blanqui, leader de l’insurrection parisienne et figure emblématique du socialisme révolutionnaire français. Cependant, son influence a été limitée car il fut arrêté avant le début de la Commune et n’a donc pas participé directement à ses actions. Il y a également Eugène Varlin, un fervent défenseur des coopératives ouvrières et membre actif de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), qui a joué un rôle important dans les débats internes à la Commune.
Un autre acteur majeur est Louise Michel, surnommée “la Vierge rouge” pour son engagement en faveur des plus démunis et sa participation active à la défense de Paris durant le siège prussien. Elle fut une ardente militante communarde, combattante sur les barricades lors de “la Semaine sanglante” et devint une icône du mouvement anarchiste international.
Les communards étaient majoritairement issus des classes populaires parisiennes : ouvriers, artisans mais aussi employés et petits commerçants qui ont vu dans cette expérience une opportunité d’améliorer leurs conditions d’existence. Parmi ces groupes sociaux impliqués dans la Commune se trouvaient aussi des intellectuels comme Gustave Courbet, artiste peintre engagé politiquement qui fut élu président de la Commission des Arts sous le gouvernement communal.
Il convient finalement d’évoquer l’influence décisive exercée par l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), plus communément appelée “la Première Internationale“. Cette organisation regroupait des travailleurs de divers pays et fut un soutien important pour la Commune. Malgré les divergences internes entre marxistes, blanquistes et proudhoniens, elle a contribué à diffuser les idées communardes au-delà des frontières françaises.
Événements importants de la Commune
L’un des premiers événements marquants de la Commune est sans doute sa proclamation le 28 mars 1871 à l’Hôtel de Ville de Paris, suite à la défaite française lors de la guerre franco-prussienne et du siège de Paris. Les communards prennent alors le contrôle des institutions parisiennes et commencent à mettre en place leurs réformes : ils établissent l’élection au suffrage universel des représentants du peuple, suppriment les loyers pour les habitations, instaurent l’égalité salariale entre hommes et femmes ou encore proclament le droit au travail.
Un autre moment clef est celui connu sous le nom de “Semaine sanglante“, qui a lieu du 21 au 28 mai 1871. Il s’agit d’une répression violente menée par les forces versaillaises (fidèles à Adolphe Thiers) pour reprendre le contrôle de Paris. C’est durant cette semaine que se déroulent les combats finaux entre Communards et Versaillais, avec une issue tragique : environ trente mille morts côté communard.
Enfin et surtout, après cette “Semaine sanglante” vient ce qu’on appelle les “procès des Communards“. Ces procès ont eu lieu pendant plusieurs années après la fin effective de la Commune (jusqu’en 1875). Ils ont concerné plusieurs milliers d’individus accusés d’avoir participé aux événements communards. Beaucoup ont été condamnés à mort (bien que beaucoup aient vu leur peine commuée), tandis que d’autres ont été déportés en Nouvelle-Calédonie. Ces procès ont marqué l’histoire de la Commune par leur sévérité, et ils ont contribué à marginaliser encore davantage cet événement dans la mémoire collective française.
Conséquences de la Commune de Paris
La Commune de Paris a eu des conséquences significatives sur la France et au-delà. Sur le plan politique, elle a accéléré l’instauration de la Troisième République en septembre 1871, avec Adolphe Thiers comme premier président. La défaite des communards a aussi renforcé le sentiment national et contribué à l’émergence d’une nouvelle forme de patriotisme français.
Sur le plan social, les idées défendues par les communards ont influencé plusieurs mouvements sociaux ultérieurs. Les réformes sociales mises en place durant la Commune, bien qu’éphémères, ont préfiguré certaines avancées du XXe siècle comme l’égalité salariale entre hommes et femmes ou encore le droit au travail. De plus, la Commune est souvent considérée comme une matrice du mouvement ouvrier international.
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Au niveau international également, la Commune de Paris a eu un impact indéniable : elle est considérée par beaucoup comme une première tentative d’instauration d’un régime socialiste. Elle fut une source d’inspiration pour plusieurs révolutions socialistes à travers le monde et notamment pour Lénine qui se référait fréquemment à cet épisode dans ses écrits.
Cependant, malgré ces impacts importants, il semble que la Commune soit reléguée aux marges de notre mémoire collective, généralement qualifiée de ‘révolution oubliée’. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène : son issue tragique avec environ trente mille morts lors des combats finaux ; sa récupération politico-idéologique postérieure qui a conduit à un certain ostracisme mémoriel ; ou encore le fait qu’elle ait été suivie de près par d’autres événements marquants de l’histoire française, comme l’instauration de la Troisième République et les diverses crises qui ont secoué cette dernière. Toujours est-il que, malgré son oubli relatif, la Commune reste un épisode clé pour comprendre les dynamiques sociales et politiques du XIXe siècle en France.